La grâcieuse ingénue en robe de poupée Bella qui gazouille "je penses que..." et qui tombe toujours juste. Bluffant.

IL SUFFISAIT D'Y PENSER

Carole et Franck Condon ont mis au point un numéro (bluffant) de transmission de pensées. Ils concourent pour le championnat de France de magie, organisé par la chaîne Paris Première.

Attention, ces deux là ont plus d’un tour dans leur sac, et dans le vôtre, ce qui est plus inquiétant : votre nom, votre adresse, votre date de naissance, le numéro de votre carte Vitale, rien, jusqu’aux souvenirs de vos vacances au cœur de la jungle birmane, n’a de secret pour eux. Normal, le seul secret qui vaille dans leurs parages, c’est celui qu’ils tiennent jalousement cadenassé et qui leur permet de passer votre intimité aux rayons X, pour la bonne cause du music-hall.

Car Franck et Carole sont des artistes, et pas des devins. Et tant pis pour pis pour ces deux yeux ensorcelants qui illuminent l’affiche du spectacle, baptisé… « Divination ». Mon œil. Y a un truc. Et le plus rageant est bien qu’ils le reconnaissent si volontiers : « Le plus délicat, c’est justement d’expliquer aux gens qu’il s’agit d’un tour de magie et pas d’un don, de quelque chose de surnaturel. Parce qu’ils se montrent souvent un peu réticents », remarque Franck, 35 ans.

Lui, donc, c’est le Monsieur Loyal en borsalino qui passe dans le public pour sélectionner les « victimes » de l’affolante sagacité de Carole, 31 ans, qui est aussi sa compagne à la ville. Il est l’émetteur, elle est le récepteur. Ainsi va la « transmission de pensées », cette discipline pailletée sur laquelle le duo Myr et Myroska a bâti sa légende. Avec la pointe de vénération qui s’impose, Franck ose avancer qu’il a peut-être trouvé la martingale du tandem mythique.
« Je suis forcé de supposer, vu qu’ils n’ont jamais révélé leur truc ».

CAROLE : « JE NE VOULAIS PAS ETRE LA POTICHE EN BIKINI »

Il eu le « déclic » par hasard, ou presque, il y a quelques années : « en attendant un copain, je cherchais une cassette vidéo de…Myr et Myroska, et tout d’un coup, je me suis dis : on doit pouvoir le faire ! ». Bingo. Le voilà qui remise son costume de voyant (il a établi son cabinet Tour Victor Hugo) pour entraîner Carole dans l’aventure, à son corps (un peu) défendant : « La magie, ce n’était pas du tout mon monde, et je suis plutôt timide, alors monter sur une scène…Et puis je ne voulais pas être la potiche en bikini ». Elle sera donc la grâcieuse ingénue en robe de poupée Bella qui gazouille « Je pense que… », et qui tombe toujours juste. Bluffant.

« Le numéro a évolué, on s’est d’abord concentré sur tous les objets possibles et inimaginables contenus dans un sac à main, puis sur les noms de famille et les numéros jusqu’à neuf chiffres, et on a fini par y incorporer la sphère personnelle des gens, leurs souvenirs, pour donner encore plus de relief ».A tel point que la chaîne Paris Première a retenu le numéro, parmi plus d’une centaine, pour guigner avec une dizaine d’autres le titre très officiel de champion de France de magie. L’émission enregistrée fin juin doit être diffusée à la rentrée.

Bon, mais ce truc alors ? « Ca fait des années que la famille nous tarabuste mais motus ». La seule chose qu’on saura, c’est que l’affaire exige « une grande complicité », et qu’ils parviennent à communiquer avec une discrétion qui intéresserait sans doute nombre d’officines de renseignement, ou pourquoi pas le 48 Régiment de Transmissions d’Agen. « On peut être avec douze personnes à table, on parvient à s’envoyer des messages à l’insu de tout le monde ».

On guette vainement un morceau d’antenne parabolique qui dépasserait de l’oreille de Carole, mais foin d’imposture technologique. Elle pourrait avoir appris tout le Bottin par cœur, ou avaler l’intégralité des fichiers de la Sécu que ça n’expliquerait toujours rien. Ils crânent en rigolant : « A force de flirtter avec le surnaturel, on finirait presque par se laisser surprendre. On s’appelle plusieurs fois par jours et on se rend compte qu’on a pensé à la même chose te on se dit qu’on est peut-être de vrais télépathes… ». Il faudrait savoir ce qu’en pense Madame Myroska.

Le Petit Bleu de Lot-et-Garonne
mercredi 6 juillet 2006

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